Autopsy (de petits crimes innocents)
>> une pièce de Gérald Gruhn
>> La pièce
« Prenez une adorable petite-fille, enlevez-lui une ou deux valeurs fondamentales puisque essentielles, laissez-la macérer quelques années dans sa solitude et vous en ferez la serial-killeuse la plus innocente de toute l’histoire du crime », Gerald Gruhn.
Auto-psy, c’est le monologue tragi-comique d’une petite fille abandonnée à la vie. A travers les voix de trois comédiennes, cette dernière nous propose son regard sur la vie, et les évènements qui ont fait d’elle la serial-killeuse la plus innocente de l’histoire du crime.
>> Extraits
« Chez mémé ça sentait bon le pain d’épices, le chat et le renfermé. Y’avait pas l’odeur du ouatère parce qu’il était dans une cabane en bois au fond du jardin. Des fois y pleuvait et y fallait que mémé enlève ses charentaises médicales. […]. Elle essayait de mettre ses bottes en plastoc mais y arrivait jamais parce que ses pieds étaient tout gonflés. Alors elle finissait par s’endormir en chaussettes sur la chaise. Elle se réveillait quant y faisait soleil et remettait ses charentaises.
Du coup, comme c’était plus la peine d’aller au fond du jardin je faisais sécher sa culotte sur le fil au-dessus de la cuisinière à charbon.
Mémé, elle m’appelait Causette, parce que je lui faisais la conversation. C’était pas dur, y suffisait d’écouter parce que mémé, c’était un vrai moulin à paroles. Elle arrêtait pas de se plaindre. Y avait rien qui allait jamais. « J’ai mal par ci, j’ai mal par là. » La vieillesse c’est pas une maladie, mais quand même un peu. Alors elle prenait son médicament, elle buvait le vin des bouteilles à étoiles et ça allait mieux. « ça fait des trous dans l’estomac, mais faut bien mourir de kékchose » qu’elle disait.
Elle avait raison. C’est bien ce qu’y lui est arrivé: elle est morte d’un accident mortel. C’est peut être moi qui avais oublié de refermer la trappe de la cave. Je me rappelle plus? Comme elle voyait pas plus loin que son nez, elle est tombée dedans. Arrivée en bas, elle était à moitié morte. Pour la deuxième moitié, je me rappelle pas non plus. Tout ce que je me souviens, c’est que j’ai refermé la trappe et que je suis allée me coucher dans son lit avec le chat. Je l’ai pas entendu gémir, parce que le chat ronronnait et que je m’ai endormie très vite. »
>> Revue de presse
La Petite Gaillarde a accueilli la troupe Contre Jour pour sa pièce de théâtre Auto-psy, une comédie pas si innocente qu’il n’y paraît…
Comment, en complète innocence, tuer toutes les personnes qui se mettent en travers de votre chemin, simplement pour poursuivre le sien. Voilà ce qu’enseigne, sur le ton léger de la badinerie, le personnage principal de cette pièce.
Car, peut-on survivre dans une famille où le père est un bandit notoire, la mère une catin, l’oncle et futur beau-père un futur vaurien, la grand-mère un personnage pingre, etc? Et que faire lorsque, enfin amoureuse et heureuse, on découvre que son amant la trompe? Notre héroïne a la réponse: « tout obstacle cède devant une balle bien ajustée ». Tel est le propos de cette comédie, Auto-psy (de petits crimes innocents) de Gérald Gruhn. La vie n’est pas rose et les salauds ne manquent à personne. Il faut bien se défendre.
Le thème peut paraître sombre. Mais c’est à une comédie pleine d’humour qu’on assiste, faite de bons mots et de répliques savoureuses. Se présentant sous la forme d’un monologue, le metteur en scène en a confié le texte à trois comédiennes, qui semblent se donner la réplique.
Cette adaptation rend le monologue beaucoup plus aéré, et, certainement atténue une certaine lourdeur propre à ce type d’exercice. Le décor est minimaliste, mais cela ne nuit en aucune façon à la cohérence de l’ensemble et, les comédiennes semblent vraiment s’amuser à exécuter sans culpabiliser ces personnages qui croisent la route de notre ingénue.
La Montagne, le 25 mars 2008
>> Équipe
Texte : Gérald GRUHN
Adaptation, scénographie et mise en scène : Françoise VIDAL
Assistant mise en scène : Julien RETIF
Interprétation : Jocelyne FRIGERIO, Lydie GIDON, Marie ROYET ou Olivia VIDAL
Création des décors : Françoise VIDAL
Création des lumières et régie : Julien RETIF
Création graphique : Marie VILATTA / Martine GEOFFROY /Françoise VIDAL
>> Récompense
Cette pièce a reçue le grand prix de la ville d’Aurillac au festival Veau de Ville 2008.